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Mise au jour d'une frise de grande taille à Holmul, Guatemala

L'équipe de l'archéologue guatémaltèque Francisco Estrada Belli a fait une très belle découverte en explorant les différentes d'agrandissement d'une pyramide à Holmul, site maya occupé au Classique dans l'actuel Guatemala. La nouvelle a fait le tour de nombreux médias, anglophones pour la plupart : une dépêche sur le site de la BBC, une autre sur le site de Foxnews ou encore sur le Hufftington Post, un article du Boston Globe, un autre sur le site de USAToday ou une présentation du projet sur le site de National Geographic. La presse locale n'est pas en reste si on prend en compte un article publié dans le quotidien guatémaltèque El Periodico, un autre sur Prensa Libre, cet autre sur le site du quotidien mexicain El Universal sans compter la publication d'un communiqué officiel sur le site du Ministère de la culture du Guatemala. Bref, la découverte est tellement importante qu'elle a valu à son inventeur un entretien avec le président du Guatemala.

Au-delà du remue-ménage médiatique, en quoi consiste exactement les fouilles à Holmul ? Lors d'une campagne antérieure, l'équipe d'Estrada-Belli avait dégagé un riche enterrement qui comptait 28 vaisselles, un spondyle percé et deux pierres disposés sur la cage thoracique. Elles ont lieu en prolongement d'un tunnel que des pilleurs avaient creusé. Selon l'enseignant-cherchant en poste à l'Université de Tulane, ces derniers sont pourtant passés tout près de la frise monumentale : elle mesure en effet 8 m de long sur 2 m de hauteur ! Elle est complète à 95 % selon les observations faites. Des traces de pigments jaune, rouge, bleu et vert sont encore visibles. Elle a été datée entre 590 de notre ère.


Enterrement de l'édifice A, Holmul, Guatémala.
(Jesus Lopez / © Proyecto Arqueológico Holmul)

Quelle est la composition iconographique de cette frise ? Il s'agit de trois personnages richement vêtus et assis sur des têtes du monstre witz (montagne). Leurs atours de plumes de quetzal et de jade. 


L'archéologue Anya Shetler nettoyant l'inscription de la frise de l'édifice A d'Holmul.
(F. Estrada-Belli/© Proyecto Arqueológico Holmul)

Comme La Corona, Holmul était certainement un site de hiérarchie inférieure à Tikal ou au Royaume de Kaan. Selon l'archéologue Marcello Cannuto, les fouilles entreprises à La Corona et Holmul permettent d'apprécier l'échiquier politique maya pendant le Classique. Bien que soumise au Royaume de Kaan, Holmul était situé le long de la meilleure route est-ouest qui reliait Tikal à la côte caraïbe et d'une autre nord-sud entre Dzibanché et et les Hautes Terres sans passer sur le territoire de Tikal. L'épigraphie entre en jeu pour confirmer cette hypothèse : un texte d'une trentaine de glyphes a été inscrit sur la partie inférieure de la frise. Ils nous indiquent que le monument a été commandité par Ajwosaj, dirigeant de la ville voisine de Naranjo et vassal du Royaume de Kaan.


Détail du nom du dirigeant Ajwosaj sur la frise de l'édifice A.
(F. Estrada-Belli/ © Proyecto Arqueológico Holmul).

Estrada-Belli a même publié un relevé de cette frise par Angel Ronaldo Ajpop Castillo sur son compte Facebook. Sur le communiqué publié sur le site du Ministère de la culture et des sports, on peut voir différentes photographies et dessins présentant la frise et son contexte. Ses dimensions empêchent pour l'heure son "déménagement" et posent le problème de sa conservation. Au delà des dégradations subies par l'environnement, les pilleurs sont certainement la menace la plus urgente à résoudre.


Perspective idéalisée de l'édifice A, Holmul, Guatemala.
(F. Estrada-Belli/© Proyecto Arqueológico Holmul)

Félicitations à Francisco Estrada-Belli et à son équipe pour cette découverte et avancée significative des études mayistes.

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