Accéder au contenu principal

Dans la famille dirigeants de Palenque...

... je voudrais le fils de Pakal II ! Pioche !!!!

Plus sérieusement, l'épigraphie maya a cet avantage formidable sur l'histoire des peuples du centre du Mexique qu'il dispose d'un livre d'histoire sculpté sur les pierres. C'est d'ailleurs  pour cette raison que les épigraphes comme Thompson ou Proskouriakoff pensait que les glyphes mayas n'était qu'un immense registre de noms de souverains avec leur date d'accession au trône et celle de leur décès. Aujourd'hui, grâce à Stuart ou Schele, on sait que ce type d'informations n'est que la partie cachée d'un immense iceberg.
 
Néanmoins c'est grâce aux premiers éléments d'épigraphie maya qu'on doit la compréhension d'une inscription retrouvée à Palenque par l'archéologue Arnoldo González en 1993. Le co-inventeur de la tombe de la Reina Roja avait découvert alors un puzzle que vous pouvez voir ci-dessous. Ces fragments étaient originellement disposés sur le tablero nord du Temple du Soleil de Palenque.
 
 
 Fragments de l'inscription découvert en 1993 à Palenque, Chiapas.
Photo INAH, disponible le 13/02/2011 sur : 

C'est l'épigraphiste Guillermo Bernal Romero qui a été chargé de réorganiser et de traduire cette inscription. Et ces travaux ont abouti à un résultat surprenant et ô combien précieux pour compléter la généalogie des dirigeants de Palenque mais aussi compléter les rapports conflictuels, belliqueux que Palenque entretenait avec Tonina :
"Le 9 septembre 687, les forces de Palenque sont entrées à Po' par le travail de son gouvernant K’inich Kan B’ahlam, fils aîné de K’inich Janaahb’ Pakal", c'est à dire Pakal II, le célèbre souverain palencain enterré sous la Pyramide des Inscriptions.
 
 
Plan de la zone archéologique de Palenque, Chiapas.
Disponible le 13 février 2011 sur : 

Tout irait dans le meilleur des mondes si une deuxième colonne d'inscriptions n'apportaient quelques doutes sur l'identité de ce fils aîné. En effet Bernal Romero a traduit la deuxième colonne de la manière suivante :
"par le travail de Wak[…]nal B’ahlam Ch’aaj Il Sibik Kan, fils de K’inich Janaahb’ Pakal y de Dame Tz’ak-b’u Ajaw".

Bernal explique que Dame Tz’ak-b’u Ajaw avait accouché de cinq fils de Pakal : on avait jusqu'à présent les noms de trois d'entre eux. Il s'agissait de K’inich Kan B’ahlam, né selon les inscriptions le 20 mai 635, de K’inich K’an Joy Chitam, né le 2 novembre 644 et Tiwohl Chan Mat, né le 14 mars 648. En revanche, aucune information n'avait été retrouvée sur Wak[…]nal B’ahlam Ch’aaj Il Sibik Kan. Si on ignore encore sa date de naissance, on sait désormais qu'il avait fait partie de l'expédition victorieuse contre Tonina en 687.

Toujours selon Bernal, on pourrait penser qu'il est mort avec son frère K’inich Kan B’ahlam, lui même décédé en 702, et faisant de K’inich K’an Joy Chitam l'unique héritier du trône. Mais l'épigraphe n'exclut pas une autre possibilité de lecture de cette inscription : Wak[…]nal B’ahlam Ch’aaj Il Sibik Kan pourrait désigner "une entité qui accompagnait K’inich Kan B’ahlam lors de sa campagne contre Tonina". Cette hypothèse est moins farfelue qu'elle n'en a l'air dans la mesure où, comme nous l'avons déjà mentionné à plusieurs reprises sur ce carnet, les anciens peuples mésoaméricains et leurs descendants contemporains donnent une importance particulière à la présence d'un nahual qui accompagne chaque personne.
 
Pour retrouver le bulletin, cliquez sur le titre de cette note ou directement ici.

Bibliographie complémentaire : 
Martin, S. & N. Grube (2008). Chronicle of the Maya Kings and Queens, New York : Thames & Hudson (2 éd.).
Rivero Torres, S. (2000). La guerra entre los antiguos mayas. Memoria de la Primera Mesa Redonda de Palenque. México : INAH.
Stuart, D. et Stuart G. (2008). Palenque. Eternal City of the Maya, New York : Thames & Hudson.
Tiesler, V. & A. Cucina (2004). Janaab' Pakal de Palenque. Vida y muerte de un gobernante maya. Mexico : Universidad Autonoma de Mexico ; Merida : Universidad Autonoma de Yucatan.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Arqueologia Mexicana n°99

Avec le titre "De la crónica a la arqueología: visión de cinco ciudades prehispánicas", l'editorial propose une levée bimestrielle un peu moins rutilante que son précédent numéro sur Moctezuma. En même temps, il est difficile de faire plus fort que celui qui reste une figure importante de l'identité mexicaine. Faisons donc un rapide tour du propriétaire. Après les quelques brêves rappelant les fouilles à Chichen Itza, la restauration de la petite pyramide ronde du métro Pino Suarez ou la sortie du catalogue de l'exposition Moctezuma. Azteca Ruler, co-édité par Leonardo Lopez Lujan et Colin Mc Ewan, on peut lire l'hommage rendu par Eduardo Matos Moctezuma au Dr Miguel Leon-Portilla pour les 50 ans de la publication Visión de los Vencidos: relaciones indigenas de la Conquista . Suit une présentation du Codex Ixtlilxóchitl par Manuel Hermann Lejarazu. Le titre de ce document fait référence à son illustre propriétaire, Fernando de Alva Ixtlilxochitl (1578

Conférence au Musée d'Histoire Mexicaine de Monterrey

Un peu de pub pour notre chapelle. Après-demain, votre serviteur aura l'honneur de participer pour la troisième année consécutive aux Cuartas Jornadas de Estudios Mexicanos, organisées par l'Universidad de Monterrey au Museo de Historia Mexicana, dans le centre-ville de la Sultana del Norte. Au programme cette année, il sera question du "Passé préhispanique aux temps du Porfiriat et de la Révolution". Il s'agit simplement de présenter à un public non-spécialiste comment s'est forgée l'identité nationale mexicaine au moment du pouvoir autocrate de Porfirio Diaz en 1884 et 1910. Au delà de la redécouverte et de la réappropriation du passé préhispanique, on expliquera notamment la systématisation des études archéologiques et anthropologiques à cette époque. Je cherche d'ailleurs une revue pour publier la version de l'article que j'ai rédigé pour l'occasion. Si vous avez des contacts, envoyez-moi un courriel. Au pire des cas, j'utiliserai
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu