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Arqueologia Mexicana n°99

Avec le titre "De la crónica a la arqueología: visión de cinco ciudades prehispánicas", l'editorial propose une levée bimestrielle un peu moins rutilante que son précédent numéro sur Moctezuma. En même temps, il est difficile de faire plus fort que celui qui reste une figure importante de l'identité mexicaine. Faisons donc un rapide tour du propriétaire.



Après les quelques brêves rappelant les fouilles à Chichen Itza, la restauration de la petite pyramide ronde du métro Pino Suarez ou la sortie du catalogue de l'exposition Moctezuma. Azteca Ruler, co-édité par Leonardo Lopez Lujan et Colin Mc Ewan, on peut lire l'hommage rendu par Eduardo Matos Moctezuma au Dr Miguel Leon-Portilla pour les 50 ans de la publication Visión de los Vencidos: relaciones indigenas de la Conquista.



Suit une présentation du Codex Ixtlilxóchitl par Manuel Hermann Lejarazu. Le titre de ce document fait référence à son illustre propriétaire, Fernando de Alva Ixtlilxochitl (1578-1650), descendant de la famille royale de Texco dont le passé préhispanique est exposé dans plusieurs fragments. Ce codex est conservé à la BNF, à Paris, après avoir été donné par la veuve d'Eugène Goupil en 1898.

Adolphus Langenscheidt propose ensuite un article intéressant sur l'utilisation de l'or en Mésoamérique.

Vient alors le grand dossier dont l'introduction, rédigée par le Le Dr Miguel Leon-Portilla qui cherche à mettre en perspective les descriptions des enceintes et monuments par les chroniqueurs et leur confrontation à la réalité archéologique. L'article de Félix Báez-Jorge se concentre sur les récits effectués sur la ville de Cempoala (Zempoala aujourd'hui). Mentionnée par Cortés dans sa Seconde Lettre à Charles Quint, Francisco traduit ce nom nahua par "Trois coeurs". Nous avons parlé de Zempoala il y a peu en publiant une photo de la structure circulaire appelée Autel.

On retrouve Cempoala et les Totonaques dans l'Historia eclesiastica indiana de Mendieta, l'Historia general de las cosas de Nueva España de Fray Bernadino de Sahagun, la Monarquía Indiana de Torquemada.

L'archéologue Eduardo Matos Moctezuma est l'auteur de l'article sur les cités mexicas de Tenochtitlan et de Tlatelolco. Il y est question de la manière selon laquelle Cortés, Duran, Sahagun ou Cervantes de Salazar décriven et / ou dessinent la capitale acolhua. Puis cette vision de la conquête est confrontée au description des voyageurs puis de l'archéologie, qui se révèle souvent juge de paix, validant ou réfutant les propos de chacun.

L'archéologue et restauratrice Eugenia Fernandez Villanueva Medina propose pour sa part un papier intéressant et utile sur Tzintzuntzan et ses fameuses yacatas. Le Lieu des colibris" est assez bien documentés par les sources coloniales comme Cortés, Antonio de Ciudad Real ou Alonso de La Rea. Le site michoacain est présenté notamment comme une chèferie importante à laquelle de nombreux villages et peuples étaient soumis. L'archéologie a là aussi vérifié plus ou moins les affirmations des chroniqueurs, même si l'auteur estime qu'il faille "analyser les sources historiques selon l'époque et les circonstances dans lesquelles elles ont été écrites"(p.55).

Nelly Robles Garcia, récemment promue à la tête du Consejo de Arqueología, propose une revue des informations sur le site de Mitla, dont nous avons parlé dans la note précédente. Robles Garcia, spécialiste des cultures préhispaniques de l'état de Oaxaca, revient notamment sur . Les premières représentations faites selon un point de vue européen remonte seulement à 1766 : elles sont l'oeuvre de Francisco de Ajofrín. Dupaix, Castañeda et Charnay furent les explorateurs du XIXème siècle à nous en proposer une vision plus réaliste. Dans les textes, Mitla est mentionné beaucoup plus tôt : Martin de Valencia fut le premier à mentionner l'étymologie du nom de ce village en 1533 mais c'est Alonso de Conseco qui en décrit les bâtiments qu'on peut toujours voir aujourd'hui.



La dernière cité proposée par Josep Ligorred et Luis Barba n'est autre que T'ho ou Ichcaanzihó, nom yucatèque de l'ancienne Mérida, telle que la connaîtra l'archevêque du Yucatan, Diego de Landa. Ce dernier s'étonnait de la hauteur et de la rareté des bâtiments construits alors. Les croquis proposés par Landa sont sommaires et peu précis. Il faudra attendre là encore deux siècles pour avoir des vues et des plans plus détaillés de ce que pouvait être "La cité des cinq collines", notamment en ce qui concerne deux monticules construites sur deux plateformes de plus de 20000 m2 de superficie. Lopez Cogolludo en 1867 parlait d'un monticule qui existait en face de la cathédrale de Mérida. Mais c'est surtout grâce aux outils modernes de cartographie que les archéologues ont pu reconstituer l'étendue de T'ho et parfoid découvrir les infrastructures qui la composaient.

On peut ensuite lire un article à six mains, notamment celle de la restauratrice Ximena Chavez Balderas, sur Pepita, momie d'une petite fille retrouvée en 2002 dans la Sierra Gorda de Querétaro, à Altamira, sur le municipio de Cadereyta de Montes.

Vient ensuite un article pour ethnologues et gourmands. On explique avec force détails l'utilisation d'un mode de cuisson typique du Yucatan : le piib. Utilisé pour la préparation de la fameuse "cochinita pibil", le piib est en fait très ancien et était utilisé de manière rituel par les anciens Mayas et avait des connotations symboliques et religieuses importantes.

Comme à chaque numéro, Xavier Noguez présente un codex : cette fois, il s'agit du Codex Aubin, originaire probablement de San Juan Moyotla et gardé au British Museum.

Pour ce qui sera le numéro 100 de la revue, Raices et l'INAH proposeront de rapprocher l'archéologie et l'identité, et ce à quelques semaines du début des festivités du Bicentenaire de l'Indépendance et du Centenaire de la Révolution.

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