Accéder au contenu principal

Le rock mexicain

Il n'y a pas que les mariachis dans la planète musicale mexicaine. Le rock y tient une part non négligeable et se décline sous des formes parfois surprenantes. Plongée avec Cuervo en "el nervio del Volcan"...

La musique mexicaine tient ses origines bien avant l'arrivée des Espagnols et de leurs guitares flamenco. Les documents archéologiques montrent l'utilisation de percussions, de conques ou d'os pour former du son. Certains témoignages montrent les chants que les gens adressaient à leur divinité.



Musicien-chanteur, Céramique maya,
Classique moyen (vers 650 après Jésus Christ)
Copyright http://www.famsi.org

Le rock mexicain revendique clairement cette tradition. Vous connaissez tous la version rock de la Bamba chantée par Ritchie Valens dans les années 50 et reprise à la fin des années 80 par le groupe Los Lobos. Sachez que Ritchie Valens était d'origine mexicaine mais de nationalité mexicaine. Qui plus est, la Bamba est un chant traditionnel maintes fois adapté. L'objet de cet article est de vous présenter quelques groupes des vingt dernières années, toujours actifs ou récemment apparus, et de vous montrer la variété de la scène rock mexicaine actuelle. Vamos??

Commençons par LA référence absolue, à savoir Los Jaguares, affublés par la presse française lors de leur récente venue à Paris du surnom de "U2 mexicains". L'histoire des Jaguares est quelque peu mouvementée. En fait ce groupe est né après la séparation d'un autre groupe, Los Caifanes, en 1995. A la tête des deux formations, l'auteur-compositeur-interprète, Saul Hernandez, peut volontiers être comparé à Bono pour son implication récurrente dans l'humanitaire : il milite notamment auprès d'Amnesty International pour promouvoir les droits de la femme.
Revenons à la musique! Il est vrai que le son des Jaguares peut sonner comme du rock, on ne peut plus classique mais, comme pour bon nombre d'artistes, c'est bien la scène qui permet d'en voir la valeur. El Vampiro est un guitariste hors pair et est très bien accompagné par le bassiste Fedrico Fong.
Le plus incroyable a été de voir ce groupe, capable de draîner plus de cent cinquante mille personnes sur un concert au Zocalo, se produire dans la petite salle de la Boule Noire le 17 novembre dernier. L'ambiance y était amicale et les membres du groupe se sont montrés très disponibles pour leurs fans expatriés en France.




El Vampiro et Saul, Concert à la Boule Noire, le 17 novembre dernier.
Copyright Cuervo.

Les titres références : Celula que explota, Ayer me dijo un ave, Dime Jaguar, Cuentame tu vida (en vivo).

Sites internet sur les Jaguares :
A côté de Saul et ses copains, deux autres groupes se taillent la part du lion. Cafe Tacuba est un groupe où les musiques traditionnelles du Mexique (mariachi, son veracruzano et norteño) se trouvent mêlées au rock, au reggae, au ska ou au raggamuffin. Ce métissage musical explique le succès de la banda. Le groupe mené par Rubén tient son nom d'un bar célèbre du Districto Federal, même s'il a été formé en 1989 dans une ville voisine. Cafe Tacuba est un groupe très productif : pas moins de 9 albums dont le dernier, un triple CD en vivo intitulé Un Viaje, est sorti à l'occasion d'un concert ayant réuni 170000 spectateurs sur la grand place de la capitale mexicaine. A cela s'ajoutent de nombreuses collaborations, notamment avec Beck. Pas étonnant de voir Cafe Tacuba rafler bon nombre de trophées musicaux en Amérique Latine. Les modèles de leur jeunesse étaient The Cure, The Smiths et Violent Femmes.






Sites internet sur Cafe Tacuba :


Les titres phares de Cafe Tacuba : Eres, Esa noche, Maria, Las flores.

Attardons-nous sur Mana. L'histoire de ce groupe débute en 1987 avec un album où les influences pop sont déjà bien présentes. Le leader du groupe revendique des influences Led Zep, Beatles, Stones et U2. Mana, au même titre que Los Jaguares et Cafe Tacuba, proposent parfois des textes revendicatifs. L'essentiel de leur fond de commerce restent des ballades plaisantes, souvent bien rythmées par une guitare saturée, comme le montre le dernier album, Revolucion de Amor, paru en 2003. Toujours est-il que le quatuor qui compose Mana est très connu en Amérique du Sud, aux Etats-Unis et en Espagne. Cette renommée leur a valu des duos prestigieux avec Pavarotti ou Zucchero.




Mana en concert au Trabendo, Paris, 2003



Sites internet sur Mana :
Les morceaux références de Mana : Corazon espinado avec Carlos Santana à la guitare, Eres mi religion.

Terminons ce petit tour d'horizon par un groupe plus que prometteur, Los de Abajo. Ce groupe est un OVNI. Mêlant hip-hop, reggae, ragga, rock, les influences musicales le reflet du métissage culturel mexicain . Ils revendiquent clairement leur origines de la capitale dans leur premier opus Chilango Cybertropic Power. Leurs textes sont également engagés, dénonciant avec force les abus des dirigeants mexicains de tous bords politiques. Ils mettent en avant un Mexique festif, heureux de vivre même si la vie est souvent dure. Leur deuxième album, produit sur le label Realworld de Peter Gabriel, est sorti il y a quelques semaines et s'intitule Los de Abajo vs The Lunatics (dispo chez Gibert Joseph pour les Parisiens). On y trouve notamment un duo avec Natacha Atlas.





Site internet de Los de Abajo : http://www.losdeabajo.com

Les titres phares de Los de Abajo : Matame Amor, Que mala suerte, Resistencia, Mi candela.

Enfin pour les amateurs de hardcore, tant musical que textuel, il vous faut écouter le groupe Molotov. Hard musicalement parce que le hip-hop et le rap y est matinée de rock et d'électro. Textuellement parce que les paroles sont remplies d'injures (idéal pour le touriste qui en serait victime!) et de propos crus sur la sexualité ou la dureté de la vie dans une grande partie du Mexique. Pour trouver des informations sur d'autres groupes mexicains ou sur la musique mexicaine, n'oubliez pas de visiter les sites suivants:

Tous les artistes mentionnés ont leur CD dispos sur Amazon à des prix souvent très intéressants.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Arqueologia Mexicana n°99

Avec le titre "De la crónica a la arqueología: visión de cinco ciudades prehispánicas", l'editorial propose une levée bimestrielle un peu moins rutilante que son précédent numéro sur Moctezuma. En même temps, il est difficile de faire plus fort que celui qui reste une figure importante de l'identité mexicaine. Faisons donc un rapide tour du propriétaire. Après les quelques brêves rappelant les fouilles à Chichen Itza, la restauration de la petite pyramide ronde du métro Pino Suarez ou la sortie du catalogue de l'exposition Moctezuma. Azteca Ruler, co-édité par Leonardo Lopez Lujan et Colin Mc Ewan, on peut lire l'hommage rendu par Eduardo Matos Moctezuma au Dr Miguel Leon-Portilla pour les 50 ans de la publication Visión de los Vencidos: relaciones indigenas de la Conquista . Suit une présentation du Codex Ixtlilxóchitl par Manuel Hermann Lejarazu. Le titre de ce document fait référence à son illustre propriétaire, Fernando de Alva Ixtlilxochitl (1578
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu

Conférence au Musée d'Histoire Mexicaine de Monterrey

Un peu de pub pour notre chapelle. Après-demain, votre serviteur aura l'honneur de participer pour la troisième année consécutive aux Cuartas Jornadas de Estudios Mexicanos, organisées par l'Universidad de Monterrey au Museo de Historia Mexicana, dans le centre-ville de la Sultana del Norte. Au programme cette année, il sera question du "Passé préhispanique aux temps du Porfiriat et de la Révolution". Il s'agit simplement de présenter à un public non-spécialiste comment s'est forgée l'identité nationale mexicaine au moment du pouvoir autocrate de Porfirio Diaz en 1884 et 1910. Au delà de la redécouverte et de la réappropriation du passé préhispanique, on expliquera notamment la systématisation des études archéologiques et anthropologiques à cette époque. Je cherche d'ailleurs une revue pour publier la version de l'article que j'ai rédigé pour l'occasion. Si vous avez des contacts, envoyez-moi un courriel. Au pire des cas, j'utiliserai